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La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 2,25%

Aux prises avec des signaux économiques contradictoires, la Banque du Canada a quand même procédé à une deuxième baisse consécutive de ses taux d’intérêt mercredi, de 2,5 % à 2,25 %.

« Bien que la politique commerciale des État-Unis demeure imprévisible, ses conséquences, elles, apparaissent plus clairement », a expliqué le gouverneur de la banque centrale canadienne, Tiff Macklem, dans une déclaration préliminaire.


Au Canada, les droits de douane américain et l’incertitude commerciale se traduiront par une « croissance [qui] devrait être très modeste jusqu’à la fin de l’année, puis se redresser un peu en 2026 », a-t-il poursuivi.

Si les pertes d’emplois se sont concentrées dans les secteurs sensibles au commerce, particulièrement ceux qui sont actuellement les plus touchés par les droits de douane, comme l’automobile, l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre, c’est toute l’économie qui subit une panne de l’investissement des entreprises et une faible embauche.


Qu’on se comprenne bien, a souligné Tiff Macklem. « La faiblesse que nous observons dans l’économie canadienne est plus qu’un ralentissement cyclique. C’est une transition structurelle. [Les dommages causés] réduisent notre capacité de production et amènent des coûts supplémentaires. »


La baisse du taux directeur de mercredi avait été largement anticipée.


Il est vrai que le marché du travail a mieux fait qu’on s’y attendait le mois dernier, avec l’ajout de 60 000 emplois au Canada, que la mesure de l’inflation est passée de 1,9 % à 2,4 % en septembre et que la consommation des ménages reste forte, mais ces données sont trompeuses, disait vendredi Robert Kavcic, économiste à la Banque de Montréal. Elles cachent une économie durement touchée par les tarifs commerciaux de Donald Trump ainsi que des chefs d’entreprise et des ménages canadiens qui ont le moral dans les talons.


L’annonce par le président américain d’une rupture des négociations commerciales entre les deux pays à cause d’une publicité de l’Ontario qu’il n’a pas appréciée est venue ajouter une couche de gris foncé et d’incertitude au portrait d’ensemble. Quant au premier budget du gouvernement Carney qui sera dévoilé la semaine prochaine, on s’attend à ce qu’il souffle le chaud et le froid, c’est-à-dire des annonces de compressions budgétaires au gouvernement fédéral en même temps que des investissements importants dans les infrastructures. La banque centrale voudra sans doute attendre que ses contours se précisent avant d’ajuster sa politique monétaire en conséquence.


Aussi, les marchés estimaient-ils à 80 % la probabilité que la Banque du Canada réduise d’un quart de point de pourcentage le taux de son principal outil d’intervention monétaire, de 2,5 % à 2,25 %. Elle avait fait de même le mois dernier au terme d’une pause de six mois. Des analystes s’attendent à ce que la banque centrale récidive une dernière fois en décembre avant de s’arrêter à 2 %, alors que d’autres prévoient que cette dernière baisse viendra plus tard l’an prochain ou jamais.


À̀ son plancher absolu depuis le début de la pandémie de COVID-19, le taux directeur de la Banque du Canada avait été relevé brutalement de 0,25 % à 5 % en l’espace de moins d’un an et demi pour endiguer la flambée inflationniste qui avait suivi. Ayant le sentiment d’avoir repris le contrôle de la situation, la banque centrale avait graduellement desserré son étau monétaire, du printemps 2024 jusqu’au mois de mars dernier, avant de s’arrêter de nouveau, ne sachant pas si la guerre commerciale et les tarifs douaniers de Donald Trump allaient réveiller la bête inflationniste ou plomber l’activité économique.


L’annonce de mercredi est accompagnée d’une mise à jour du portrait d’ensemble de la situation économique et financière. Signe qu’à défaut de tellement s’améliorer, la situation d’ensemble est au moins en train de se stabiliser, la Banque du Canada revient, dans cette nouvelle édition trimestrielle du Rapport sur la politique monétaire, avec des prévisions formelles sur l’économie et l’inflation. La situation était rendue tellement incertaine avec les politiques commerciales américaines que la Banque du Canada avait renoncé depuis avril à produire de telles prévisions, préférant s’en tenir à de simples scénarios.

Aux prises avec des signaux économiques contradictoires, la Banque du Canada a quand même procédé à une deuxième baisse consécutive...

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